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C’est à Julie Duprat, archiviste paléographe et auteur de l‘ouvrage Bordeaux Métisse, que l’on doit la révélation de l’histoire bordelaise de l’esclave Casimir Fidèle. Ses travaux se basent principalement sur de nombreuses sources archivistiques patiemment dépouillées et étudiées.

 

Qu’en est-il aux Archives de Bordeaux Métropole ? Quels documents mentionnent son existence ? Le choix s’est porté sur un document classique pour un service d’archives : un acte d’état civil, son acte de mariage extrait du registre de la paroisse Saint- Seurin 345 GG 809. Les registres paroissiaux, ancêtres de notre état civil, sources essentielles pour les recherches généalogiques, regorgent d’informations à décrypter.

 

Né en Guinée vers 1748, Casimir Fidèle (dont le nom de naissance n’est pas connu) est capturé enfant en Afrique, déporté aux Antilles, puis amené en métropole comme domestique par son propriétaire capitaine de navire. Il est dénommé Casimir Fidèle lors de son baptême à Nantes en 1756. Son destin tragique est le reflet de celui de tant d’autres alors que la traite et l’esclavage sont en pleine expansion au XVIIIe siècle. Ce qui est atypique est la suite de son parcours : il bénéficie avec l’accord de ses maîtres d’un apprentissage en pâtisserie à Paris. Il est affranchi 10 ans plus tard. Libre en 1777, il devient cuisinier chez la famille Soissons, à Bordeaux.

 

Le 3 mai 1778, il épouse en la basilique Saint-Seurin une veuve aisée, Ursule Lachèze, originaire de Brive-la-Gaillarde, mère d’une fille prénommée Guillaumette. C’est un mariage mixte. Un fils naît de cette union la même année. Casimir Fidèle poursuit sa vocation de cuisinier. Représentant d’une cuisine nouvelle, il acquiert une solide réputation à l’hôtel l’Empereur, cours Tourny (actuel cours Georges-Clémenceau). Soutenu par sa famille, il investit lui-même dans l'immobilier et les affaires. À la Révolution, l’hôtel est mis aux enchères. En 1794, l’esclavage est aboli dans les colonies (mais, rétabli en 1802, il faudra finalement attendre 1848 pour que l’abolition soit définitive). Il est l’un des commissaires de la communauté noire de Bordeaux qui prononce un discours devant la Convention nationale à Paris, discours conservé aux Archives nationales. Il décède le 14 janvier 1796 dans la capitale.

 

Les recherches généalogiques et les travaux historiques menés autour de Casimir Fidèle ont permis de retrouver sa descendance aujourd’hui tel que le relate un article du journal Le Monde du 21 mai 2021.

 

Transcription

Le troisième may mil sept cent soixante-dix-huit, après la célébration des fiançailles et la publication d'un ban faite au prône de la messe paroissiale le dimanche vingt-six avril, sans avoir découvert d'empêchement et ayant obtenu dispense des deux autres bancs signée Boudin vicaire-général, je soussigné ai imparti la bénédiction nuptiale à Casimir Fidelle, nègre libre et maître de ses droits, natif de la Côte de Guinée, d'une part, et à Charlotte Ursule La Chèze, native de la paroisse de Saint-Martin de la ville de Brive, diocèse de Limoges, fille légitime et majeure de Jérôme Lachaise et de Guillemette Espinassouse, veuve de Jérôme Villi, habitants de cette paroisse, d'autre part, en présence de sieurs Isidore Adrien Giraud, Jean Lalanne, Pierre Bernard qui ont signé avec les époux et moi.