Une découverte impromptue, deux albums inestimables et des décors d'opéra !
Focus sur Artus et Lauriol
C’est une belle histoire d’archives en ce mois de novembre 2023. L’occasion de se pencher sur le fonds Artus, Bordeaux 64 S, entré aux Archives de Bordeaux à partir de 1954 et complété en 1962. Il permet de plonger au cœur de l’histoire des opéras bordelais de la fin du XIXe siècle. Composé à la fois de documents d’études mais aussi d’une cinquantaine de maquettes de décors d’opéras réalisés par les peintres et décorateurs du Grand Théâtre de Bordeaux, Pierre Artus et Gustave Lauriol. Parmi les pépites, citons le décor à l’aquarelle de l’acte II de « Lohengrin », de Richard Wagner, montrant la ville fortifiée d’Anvers, et restauré en 2017.
Pierre Gustave Artus (Bordeaux 1833-1912) travaille en étroite collaboration avec Gustave Lauriol (Bordeaux 1842-1916) à partir de 1873. Ce dernier, professeur à l’école des beaux-arts de Bordeaux à partir de 1877, est reconnu pour son enseignement de la perspective. Pendant quarante ans, la collaboration de ces deux artistes est aussi étroite et féconde que leur amitié. Jean Artus, fils de Pierre Gustave Artus et gendre de Gustave Lauriol, né à Bordeaux le 7 mai 1868, succède à son père et à son beau-père. Sa production pendant une trentaine d’années est considérable et ses œuvres largement réputées au-delà du cadre régional. Le fonds issu du travail des trois hommes est donc particulièrement riche et intéressant pour l’histoire de l’art, le théâtre et la décoration.
La récente découverte de deux albums des décors du Grand-Théâtre de la fin du XIXe par deux retraités est une incroyable aubaine. Regroupant 120 planches entièrement peintes à la main et coloriées à l’aquarelle par les artistes Artus et Lauriol, ces albums sont une commande de 1877 de la Ville de Bordeaux comme en atteste la délibération municipale conservée aux Archives de Bordeaux Métropole. Remis gracieusement à l’Opéra national de Bordeaux dans un premier temps, c’est tout naturellement que ces archives publiques inaliénables intègrent (enfin !) le fonds de la Ville de Bordeaux, aux Archives de Bordeaux Métropole, complétant ainsi les sources existantes. Précieusement conservés et après traitement, les albums seront consultables gratuitement par tous aux Archives métropolitaines.